Présence Protestante (France 2 ) : Marion Muller-Collard donne rendez-vous au Festival du Livre de Paris
Chère lectrice, cher lecteur assidu, si vous êtes ici, c’est que vous lisez, que vous êtes en train de lire. Lire délivre dit-on. Vraiment ? Vous, comment lisez-vous ? Avec dévotion ? Gourmandise ? À distance ou à la Pennac ?
Dans la Bible nous lisons : 1 L'Éternel dit à Moïse :
« Taille deux tables de pierre comme les premières, et j'y écrirai les paroles qui étaient sur les premières tables que tu as brisées. » […] 4 Moïse tailla deux tables de pierre pareilles aux premières. Il se leva de bon matin et gravit le mont Sinaï, conformément à l'ordre que l'Eternel lui avait donné. Il prit avec lui les deux tables de pierre."
Livre de l’Exode, chapitre 34 Quelques versets auparavant, Moïse a jeté la première épreuve, la première impression pourrait-on écrire, du « témoignage ».
C’est ainsi que l’auteur du livre de l’Exode nomme les Tables de la loi : « le témoignage ». Non pas un procès-verbal, ni un compte rendu, ni un code pénal, ni un mode d’emploi, ni une fiche technique, ni « Les 10 bonnes choses à dire à ses voisins pour qu’ils vous aiment vraiment », ni Les 5 langages de l’amour, ni roman épique, ni, ni : un Témoignage qu’on vous dit !
Moïse était furieux que le peuple d’Israël ait manqué de patience et qu’il ait fait construire un veau d’or ; il était tellement furieux qu’il a brisé les premières Tables de pierre pourtant « écrites du doigt de Dieu » (Exode 31.18). Aujourd’hui, on dirait qu’il les a mises en boules et jetées à la corbeille, rageux… Mais revenons au texte :
16 Les tables étaient l'ouvrage de Dieu, et l'écriture était l'écriture de Dieu, gravée sur les tables.
Livre de l’Exode, chapitre 32
En d’autres termes, Dieu est auteur, imprimeur, calligraphe, graveur, etc. Et Moïse est son éditeur et agent littéraire. Ces quelques versets nous aident donc à comprendre pourquoi certains auteurs se disent Créateur… Mais je m’égare.
Un peu plus tard dans le texte, Dieu demandera à Moïse de mettre en place tout un environnement autour du témoignage : les meilleurs ouvriers construiront avec les plus nobles, les plus imputrescibles et les plus solides matériaux (peaux de dauphin, bois d’acacia, or, etc.) la Tente de la rencontre, c’est-à-dire le Tabernacle et tout ce qui va avec : bassin, huile, parfum, chandelier, etc.
Donc, si l’on résume à nouveau : la « rencontre » se passe dans une tente spécialement magnifiquement construite pour accueillir des « témoignages » écrits sur des « tables » par le « doigt de Dieu »…
De là à comparer le tabernacle (la tente) avec une librairie divine un soir de dédicace, il n’y a qu’un pas, que je saute avec espièglerie ! D’autant que pour signaler la présence de l’auteur, Dieu a installé une signalétique très bien markettée (oui, c’est Lui qui fait tout) : non pas un néon, mais une nuée.
Au final, si l’on ne sait pas exactement comment Moïse a transmis toutes les consignes pour la construction de la tente du témoignage, ce que l’on sait, c’est que nous les connaissons parce qu’elles sont contenues dans un livre justement ! L’un des soixante-six livres de la Bible, le livre de l’Exode.
Ainsi, le livre, la Parole de Dieu et la parole de Moïse ont apporté jusqu’à nous le témoignage écrit du doigt de Dieu et tout le contexte dans lequel ce témoignage a été rendu possible. Le Livre de l’Exode nous délivre donc un message et ce message est un texte.
Si l’on prend maintenant un peu de recul, on constate que tout ce passage du Livre de l’Exode relate des propos de trois niveaux :
1) La description des situations et de l’action : ce que fait Moïse, le peuple, les lieux, etc.
2) Ce que Dieu dit : le contenu des tables, les commandements d’ordre généraux qui concernent tout le peuple, comme, par exemple, les règles sur le respect du sabbat
3) Et les consignes qui permettront la transmission du message, le fameux témoignage, pour les générations à venir : Comment la tente doit-être construite, la description des habits sacerdotaux, le rôle des sacrificateurs, etc.
Et l’un de ces niveaux ne va pas sans l’autre. C’est la corde à trois fils qui se révèle ici en une mise en abîme magistrale : l’action, les dialogues et les didascalies ; le support du texte, le texte lui-même (le témoignage) et sa transmission ; Dieu, Moïse et le peuple ; celui qui dit, celui qui transmet, celui qui écoute, etc.
Pour qu’un texte soit créateur, porteur de sens et vivant, il faut que ces trois fils soient tressés du mieux possible. Et la Bible est sans doute le plus miraculeux des ouvrages divins. Toutes les cordes à trois fils qui la constituent sont si parfaitement tressées et si parfaitement reliées d’un livre à l’autre qu’on ne saurait séparer ni un fil de l’autre, ni une corde de l’autre. Je crois bien que c’est de cela dont Marion Muller-Colard et ses invités témoigneront dans cette émission. À vous de voir.
Christophe Zimmerlin Producteur éditoriale de Présence Protestante
Écriture.s – Spéciale salon du livre de Paris Une émission et préparée et présentée par Marion Muller-Colard et réalisée par Denis Cérantola, avec Mathilde Mahieux, libraire à La Procure, Jonathan Boulet Secrétaire générale de l’Alliance Biblique Française, Jean Mouttapa, éditeur aux Éditions Albin Michel, Clémentine Beauvais, auteur au Festival du Livre de Paris.
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Crédit image : Présence Protestante